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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

LI

Marcher toujours par le chemin le plus court ; et le plus court chemin, c’est celui qui est selon la nature[1] ; c’est-à-dire que nous devons nous conformer à la plus saine raison[2], dans toutes nos paroles et dans tous nos actes. Une fois prise, cette résolution nous délivre, et des soucis qui nous accablent, et des combats intérieurs, et de tous calculs et de toute vanité frivole.

    présente à nous dans le tombeau, vous accorderez aisément qu’il n’est point de plus véritable interprète ni de plus fidèle miroir des choses humaines. » Sermon sur la Mort. Bossuet ajoute encore : « Ainsi, comme nous en voyons passer d’autres devant nous, d’autres nous verront passer, qui doivent à leurs successeurs le même spectacle. Ô Dieu ! encore une fois qu’est-ce que de nous ? Si je jette la vue devant moi, quel espace infini où je ne suis pas ! Si je la retourne en arrière, quelle suite effroyable où je ne suis plus ! Et que j’occupe peu de place dans cet immense abîme du temps ! » Ibidem.

  1. Celui qui est selon la nature. C’est la formule générale du stoïcisme ; mais on voit par les pensées de Marc-Aurèle que la doctrine ne s’en tenait pas à ces généralités nécessairement très-vagues, et qu’elle savait préciser le détail des choses.
  2. La plus saine raison. Que l’homme entend toujours assez, quand il sait imposer silence à ses passions et à son égoïsme.