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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/187

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LIVRE VI, § V.

IV

Toutes les choses de ce monde sont sujettes aux plus rapides changements. Ou elles s’évaporent, si leur substance est uniforme ; ou elles se dissolvent en éléments divers.

V

L’intelligence qui régit l’univers[1] connaît les conditions où elle opère[2], les choses qu’elle fait, et la matière sur laquelle elle agit.

    on a beau se mettre en garde contre l’apparence, elle a toujours bien des séductions. — Sénèque a dit : « Souvenez-vous principalement de séparer les choses du bruit qu’elles font et de les considérer seulement en elles-mêmes. Vous trouverez qu’elles n’ont rien de terrible que la peur qu’on en a. » Épître XXIV, à Lucilius.

  1. L’intelligence qui régit l’univers. La doctrine est ici toute spiritualiste, comme plus haut, liv. V, § 30 ; et l’intelligence divine est profondément distinguée du monde, qu’elle gouverne avec une puissance et une bonté infinies.
  2. Connaît les conditions où elle opère. On pourrait comprendre aussi comme l’ont fait quelques traducteurs : « Connaît ce qu’elle est ». Bossuet, en terminant le Discours sur l’histoire universelle, a dit : « Ne parlons plus de hasard ni de fortune, ou parlons-en seulement comme d’un nom dont nous couvrons notre ignorance. Ce qui est hasard à l’égard de nos conseils incertains est un dessein concerté dans un conseil plus haut, c’est-à-dire dans ce conseil éternel qui renferme toutes les causes et tous les effets dans un même ordre. De cette sorte, tout concourt à la même fin ; et c’est faute d’entendre le tout que nous trouvons du hasard et de l’irrégularité dans les rencontres particulières. »