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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

n’y a d’indistinctes que les choses qui ne sont pas ses actes propres ; mais tout ce qui est vraiment un de ses actes particuliers dépend absolument d’elle seule. Et même encore parmi ces actes, ne faut-il compter que ceux qui se rapportent exclusivement au présent[1] ; car les actes futurs et les actes passés, s’ils sont d’elle encore, sont aujourd’hui indistincts pour elle.

XXXIII

Ce n’est pas pour la main, ou pour le pied, une fatigue contre nature tant que le pied ne fait que ce que le pied doit faire, tant que la main ne fait que ce que doit faire la main. De même, ce n’est pas un labeur contre nature pour l’homme en tant qu’homme, toutes les fois qu’il ne fait que ce que l’homme doit faire[2]. Et si la chose n’est pas pour

    a que l’âme qui discerne les choses et qui les comprenne.

  1. Au présent. Voir plus haut, liv. II, § 14. Le présent seul nous appartient, et encore nous échappe-t-il dès que nous voulons le saisir ; le passé nous a échappé pour toujours. Quant à l’avenir, nous ne pouvons jamais savoir si nous l’atteindrons, ni ce qu’il sera. En tous cas, il ne peut être à nous que dans les limites les plus étroites. Telle est la position vraie de l’homme durant sa courte existence.
  2. Ce que l’homme doit faire. Le devoir de l’homme se réduit à suivre la raison et à vivre selon la nature, comme le