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LIVRE VII, § XXXV.

XXXIV

Sur l’opinion[1]. Considère un peu ce que sont les esprits des hommes, ce qu’ils fuient, ce qu’ils recherchent ; et dis-toi bien que, de même que les dunes de sable[2] en s’amoncelant font disparaître celles qui s’étaient formées d’abord, de même, dans la vie, les événements antérieurs s’effacent aussi en un instant, sous les événements qui ne cessent de s’accumuler après eux.

XXXV

Extrait de Platon[3] :

« Mais crois-tu que celui dont la pensée est pleine de grandeur, et qui contemple tous les temps et tous les êtres, puisse regarder la vie

  1. Sur l’opinion. On pourrait aussi traduire : « Sur la gloire » ; mais il me semble que la première version s’accorde davantage avec le sens général de ce paragraphe.
  2. Les dunes de sable. Comparaison neuve et frappante. Elle peut également s’appliquer aux vaines opinions des hommes, aussi mobiles que les sables soulevés par le vent, et à la vaine gloire, qui brille un instant pour disparaître bientôt sous les événements nouveaux qui s’accumulent.
  3. Extrait de Platon. Ce fragment est emprunté à la République de Platon, liv. VI, traduction de M. V. Cousin, pag. 6. Cette pensée aura frappé Marc-Aurèle, et il se proposait sans doute de la développer lui-même.