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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/332

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LIVRE IX


I

Se rendre coupable d’une injustice envers autrui[1], c’est faire un acte d’impiété, parce que la nature qui gouverne l’univers[2], ayant créé les êtres raisonnables pour s’aider par des secours réciproques, selon leurs mérites divers, sans qu’il leur soit jamais permis de se nuire entre eux, celui qui méconnaît cette volonté expresse de la nature se rend impie envers la plus auguste des divinités[3].

Faire un mensonge est une autre impiété[4] aussi grave envers elle ; car la nature qui régit l’univers

  1. D’une injustice envers autrui. Le texte n’est pas aussi précis ; il dit dans sa brièveté un peu obscure : « Le coupable est impie. » J’ai dû développer l’expression de la pensée, d’après ce qui suit.
  2. La nature qui gouverne l’univers. En d’autres termes, Dieu.
  3. La plus auguste des Divinités. C’est encore Dieu. On peut dire d’une manière générale que toutes les fautes sont des offenses envers Dieu ; mais c’est peut-être forcer les choses que de vouloir donner à toutes les fautes sans exception le nom d’impiétés. Ce sont des fautes spéciales qui ont ce caractère particulier.
  4. Faire un mensonge est une autre impiété. Ici encore c’est confondre un peu les choses. Le mensonge est une faute ; mais ce n’est pas une impiété, à proprement parler.