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LIVRE IX, § XLII.
XLII
Quand quelqu’un te choque par son impudence, demande-toi sur-le-champ[1] : « Se peut-il qu’il n’y ait pas d’impudents dans le monde ? » Non, cela ne se peut pas[2]. Ainsi donc, ne cours pas après l’impossible ; car cet homme qui te choque est un de ces impudents dont l’existence est inévitable dans le monde où nous sommes. Aie toujours la même réflexion présente s’il s’agit d’un malfaiteur, d’un perfide, ou de quelqu’un qui s’est rendu coupable de toute autre faute. En te disant qu’il est impossible que cette sorte de gens n’existe pas dans la société, tu te sentiras plus de tolérance[3] envers chacun d’eux en particulier.
En même temps, tu feras bien aussi de penser à la vertu spéciale[4] que la nature permet à l’homme
- ↑ Demande-toi sur-le-champ. Le précepte est excellent ; mais on se laisse aller à son premier mouvement ; et il est bien difficile de ne pas montrer l’impression qu’on a reçue.
- ↑ Ce n’est pas possible. Voir plus haut, liv. VIII, § 4. La constitution de tel homme étant donnée, il est tout simple qu’il soit impudent.
- ↑ Tu te sentiras plus de tolérance. L’argument est bon ; mais dans un autre passage, liv. II, § 1, Marc-Aurèle a donné un argument meilleur et plus particulièrement stoïcien. Le coupable est encore de la famille humaine, et sa faute même ne l’en a pas retranché, quelque grave qu’elle soit.
- ↑ Penser à la vertu spéciale. Autre argument, profitable surtout à celui