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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

personne ne s’est jamais cru supérieur ; enfin de tâcher d’être affable pour tout le monde.

XVI

De mon père adoptif[1], j’ai appris la bonté ; l’inébranlable constance dans les jugements qui ont été une fois mûris par la réflexion ; le dédain pour ces honneurs factices qui séduisent la vanité ; la passion du travail ; l’application perpétuelle ; la disposition à prêter l’oreille à toutes les idées qui concernent l’intérêt public ; l’invariable attention à rendre à chacun selon son mérite ; le discernement à juger des occasions où l’on doit tendre les ressorts et de celles où on peut les relâcher ; la sévérité à poursuivre et à punir les amours pour les jeunes gens[2] ; le dé-

  1. Mon père adoptif. Le texte dit seulement : Mon père, ce qui n’est pas tout à fait exact, quoique ce soit un vif témoignage d’affection. Plus haut, § 2, Marc-Aurèle a parlé de Celui qui lui a donné la vie. Le père adoptif de Marc-Aurèle était, comme on l’a dit, l’Empereur Antonin le Pieux. Il faut rapprocher le portrait qui en est fait ici de la biographie écrite par Capitolin. Tous les traits se ressemblent ; et la physionomie admirable qu’a tracée le fils adoptif ne paraît pas avoir aucune exagération. C’est un modèle accompli que feraient bien de méditer tous les hommes d’État. Voir aussi le complément de ce portrait plus loin, liv. VI, § 30.
  2. Les amours pour les jeunes gens. Allusion peut-être aux vices de l’Empereur Hadrien.