consumé par le feu, après une période déterminée, ou à se renouveler par des changements éternels.
Même avec cette hypothèse[1], ne va pas t’imaginer que, dans ton être, cette partie solide et cette partie de souffle vital soient exactement encore aujourd’hui ce qu’elles étaient à l’époque de ta naissance[2]. Ton être actuel, dans sa totalité, a puisé ce qu’il est aux aliments que tu as pris et à l’air que tu as respiré, depuis deux ou trois jours peut-être. Ce qui change, c’est ce que ton corps avait récemment absorbé, et non pas ce qu’il avait reçu jadis du sein maternel[3]. Mais prends garde[4] de t’égarer en tenant trop de compte d’une organi-
- ↑ Même avec cette hypothèse. La fin de ce paragraphe, quoique assez claire dans les mots, reste obscure dans la pensée. Les manuscrits ne fournissent pas de variantes qui puissent servir à élucider ce passage.
- ↑ À l’époque de ta naissance. Cette transformation perpétuelle de notre être est vraie ; mais ce qui n’est pas moins vrai, c’est la permanence de notre personnalité, subsistant identique malgré ce renouvellement incessant de notre corps.
- ↑ Et non pas ce qu’il avait reçu jadis du sein maternel. Il aurait fallu préciser davantage les choses, surtout ici, et indiquer ce qu’on entendait positivement par là. S’agit-il de l’âme, et de la partie spirituelle de l’être humain ? C’est probable ; mais il eût été bon de le dire.
- ↑ Mais prends garde… C’est surtout cette dernière idée qu’il est presque impossible de comprendre. Voir plus haut, liv. IX, § 19.
par le feu. C’est le système d’Héraclite. Voir plus haut, liv. III, § 3, et liv. V, §§ 13 et 34.