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LIVRE X, § XXVIII.

et tout ce qu’on faisait dans les cours de Philippe, d’Alexandre, de Crésus. Elles étaient absolument comme celle que tu as ; il n’y avait que les acteurs de changés.

XXVIII

Représente-toi bien qu’un homme qui s’afflige de quoi que ce soit[1], ou qui se révolte contre les choses, ressemble à un de ces pourceaux[2] traînés au sacrifice, qui regimbent en grognant. C’est l’image de celui qui, couché sur son lit solitaire, se plaint en secret du destin qui nous enchaîne. Dis-toi bien aussi que le privilége de l’être doué de raison, c’est d’obéir de son plein gré aux événements, tandis que, pour tous les autres êtres, y obéir purement et simplement est une absolue nécessité.

    sept ans lorsque cet empereur mourut, en 138. Quant à la cour d’Antonin, il y avait vécu plus de vingt ans de suite, mêlé à toutes les affaires, avant d’être empereur lui-même.

  1. Qui s’afflige de quoi que ce soit. Voir plus haut, § 25.
  2. Un de ces pourceaux. L’image est violente ; mais il n’y a pas de principe qui tienne plus à cœur à Marc-Aurèle que la résignation de l’homme à l’ordre de la Providence, et la foi absolue en sa bonté infinie et toute puissante. Il n’a pas moins raison, quand il nous rappelle que la révolte est parfaitement inutile, puisque la nécessité est inévitable. S’y associer en s’y soumettant, c’est encore ce que nous ayons de mieux à faire,