Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/464

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
442
PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

VII

L’état de corps et d’âme[1] où il faut être quand la mort viendra nous surprendre, la brièveté de la vie, le gouffre insondable du temps, soit en arrière, soit en avant[2], la fragilité de toute matière…

VIII

Considérer les causes toutes nues sans les écorces[3] qui les cachent ; apprécier les intentions sans les actes ; bien peser ce que c’est que la douleur, ce que c’est que le plaisir, ce que c’est que la mort, ce que c’est que la gloire ; voir comment on se crée à soi-même tous ses tourments, comment on n’est jamais arrêté par un autre que soi, et comment l’importance des

  1. L’état de corps et d’âme… La phrase est inachevée dans le texte, comme dans la traduction.
  2. Le gouffre insondable du temps, soit en arrière, soit en avant. Pascal n’a rien dit de plus grand ni de plus vrai. Les deux abîmes de grandeur et de petitesse sont moins frappants que les abîmes de la durée.
  3. Les causes toutes nues sans les écorces. Voir plus haut, § 2, des expressions toutes semblables. Toutes les réflexions indiquées dans ce paragraphe sont celles que Marc-Aurèle se recommande, et se propose d’avoir le plus habituellement présentes à l’esprit. Ce sont les objets de ses méditations les plus constantes et les plus utiles.