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LIVRE XII, § XXXV.

XXXIII

Quel usage ton âme fait-elle d’elle-même[1] ? Tout est là[2]. Quant au reste, volontaire ou involontaire, ce n’est jamais que cadavre et fumée[3].

XXXIV

Rien ne peut nous inspirer plus sûrement le mépris de la mort que de voir que ceux-là même qui font du plaisir un bien[4], et de la douleur un mal, ont cependant pour la mort un mépris souverain.

XXXV

Quand on ne trouve bon que ce qui vient en son temps[5] ; quand on regarde comme parfaite-

  1. Quel usage ton âme fait-elle d’elle-même ? C’est la surveillance constante de soi-même, tant recommandée par le Stoïcisme, et si nécessaire à l’homme.
  2. Tout est là. Le spiritualisme ne peut pas aller plus loin.
  3. Ce n’est jamais que cadavre et fumée. La doctrine chrétienne n’a pas été plus sévère contre les périls du corps et ceux de la vanité.
  4. Ceux-là même qui font du plaisir un bien. Cette désignation concerne évidemment les Épicuriens, qui, en effet, ne regardaient pas la mort comme un mal. Pour eux, la mort était l’anéantissement total de l’être. Voir la fin du traité de Plutarque contre Épicure : Non posse suaviter vivi, etc.
  5. Ce qui vient en son temps. Dans le système des Stoï-