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LIVRE II, § XVII.

uns dans les autres, pourquoi regarder d’un mauvais œil le changement et la dissolution de toutes choses ? Ce changement est conforme aux lois de la nature ; et dans ce que fait la nature, il n’y a jamais rien de mal.

Écrit à Carnuntum[1].
  1. Écrit à Carnuntum. Dans la Pannonie supérieure, un peu à l’Est de Vienne et sur le Danube. Il paraît que cette ville avait été fondée par une colonie de Carnutes, venus de la Gaule ; elle devint après Marc-Aurèle un municipe romain. Il y résida longtemps pour ses préparatifs militaires contre les barbares de ces contrées. On a vu plus haut que le premier livre des réflexions intimes de Marc-Aurèle avait été écrit chez les Quades, au bord du Gran. Le second est écrit dans les mêmes contrées et aussi dans les mêmes conditions. On peut remarquer qu’à quinze ou seize cents ans de distance, ce fut à peu près dans le même pays et dans un quartier d’hiver, que Descartes conçut le projet de sa Méthode, pas très-loin des lieux où Marc-Aurèle avait écrit : « J’étais alors en Allemagne, où l’occasion des guerres, qui ne sont pas encore finies, m’avait rappelé, etc. » Discours de la méthode, 2e partie, p. 132, édit. de M. V. Cousin. Il est regrettable que Marc-Aurèle n’ait pas daté tous les livres de ses Pensées, comme il a daté les deux premiers. Autant qu’on en peut juger d’après le récit, d’ailleurs très-confus, de Capitolin, l’Empereur dut faire au moins deux expéditions en Germanie, et contre les Quades sur les bords du Danube. On peut croire que c’est dans la dernière de ces expéditions qu’il écrivit ses Pensées, c’est-à-dire vers l’an 178 ou 179 après Jésus-Christ.