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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Couat.djvu/135

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PENSÉES DE MARC-AURÈLE

55

Si les matelots injuriaient le pilote, ou les malades le médecin, auraient-ils une autre pensée que de leur faire sauver à eux seuls[1], l’un son équipage, l’autre ceux qu’il soigne ?

56

Combien de personnes avec qui je suis entré dans le monde sont déjà parties !

57

Le miel paraît amer aux gens qui ont la jaunisse ; ceux qui ont la rage ont horreur de l’eau ; les petits enfants trouvent belle leur balle. Pourquoi donc me fâcher ? Crois-tu que l’erreur ait moins de force que la bile pour l’homme qui a la jaunisse, et le virus pour celui qui est enragé ?

58

Personne ne l’empêchera de vivre conformément aux lois de ta nature[2], et rien ne t’arrivera contrairement aux lois de la nature universelle[3].

59

Que valent ceux auxquels on cherche à plaire ? Et pour quels avantages[4] ? Et par quels moyens ? Comme le temps ensevelira vite tout [cela], et que de choses il a déjà ensevelies !

Livre VII

1

Qu’est-ce que le vice[5] ? — C’est ce que tu as vu bien souvent. À propos de tout événement rappelle-toi de même que c’est

  1. [Couat : « que le salut de l’équipage par le premier, et par l’autre la guérison de ceux qu’il soigne. » — Il était nécessaire de traduire αὐτός.]
  2. [Dans une longue note à la pensée IV, 12, où sont examinées les diverses acceptions de λόγος, j’ai expliqué comment ce mot pouvait parfois être traduit par « lois ».]
  3. [Sur la distinction et l’accord final des deux natures, cf. supra V, 3, dernière note.]
  4. [Cf., à la fin de la pensée X, 19, la même question, suivie de la réponse.]
  5. [Var. : « la méchanceté. »]