Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Couat.djvu/259

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nité et la variété des choses, tu mépriserais les hommes en voyant quelle quantité d’êtres habitent autour d’eux, dans l’air et dans l’éther ; ajouter que chaque fois que tu t’élèverais ainsi, tu ne verrais jamais que les mêmes choses, la même [uniformité] et la même brièveté. Et voilà de quoi l’on s’enorgueillit !

25

Éloigne de toi ton jugement et tu es sauvé. Or, qui peut t’empêcher de l’éloigner ?

26

Lorsque quelque chose te fâche, tu oublies que tout arrive conformément à la nature universelle, que les fautes commises en dehors de toi ne te louchent pas et, en outre, que tout a toujours été ainsi, et le sera et l’est actuellement [partout] ; tu oublies quels liens de parenté rattachent tous les hommes à toute la race humaine, car ils participent tous, non au même sang ni au même germe, mais à la même intelligence. Tu oublies encore que la raison de chacun est Dieu et émane de la divinité, que rien n’appartient en propre à personne, mais que l’enfant, que le corps, que l’âme même de chacun de nous viennent de Dieu ; que tout est dans notre jugement ; qu’enfin chacun ne vit que le moment présent et ne perd que ce moment.

27

Repasse sans cesse dans ta mémoire le souvenir de ceux qui se sont emportés violemment pour quoi que ce soit, de ceux qui se sont signalés par une grande gloire, de grands malheurs, de grandes inimitiés ou par une fortune quelconque, et demande-toi : Qu’est maintenant devenu tout cela ? De la fumée, de la cendre, une légende, ou pas même une


i. [Cf. supra IX, 38.]

.>. [Cf. supra VI, 46; XI, i; XII, 24, etc.]

3. [Cf. supra IV, 4; VIII, 54.|

4- [Couat: «l’intelligence. »]

5. [Couat : « que l’enfant de chacun de nous, et son corps, et son âme même. » — En modifiant cette traduction, je n’ai voulu qu’éviter l’amphibologie.]

fi. [Cf. supra II, Id; XII, 8, 32, eic.|

7. [Cf. supra II, I’i, et la note finale.] légen