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moment, on leur en apporte en grande quantité — toutes leurs bonnes qualités disparaissent ; ils ne ressemblent plus à des hommes ; tout doit fuir devant eux ; leurs cris, leurs hurlements sont affreux ; ils se jettent les uns sur les autres, se mordent le nez et les oreilles et s’entredéchirent d’une manière horrible. Depuis notre arrivée, quatre Otoes et trois Potowatomies ont été tués au milieu des désordres causés par l’ivresse».[1]

Outre la paresse et l’ivrognerie, les missionnaires devront combattre les préjugés, faire cesser la polygamie, abolir les pratiques superstitieuses. Ils auront à se rendre maîtres d’une langue difficile. Il leur faudra, enfin, fixer chez eux des hommes habitués à la vie errante, au point de se plaindre de l’ennui dès qu’ils sont restés trois mois dans le même endroit.

C’est bien, comme dit le P. De Smet, « une œuvre de Dieu ». Aussi se recommande-t-il instamment aux prières de ses supérieurs et de ses amis. Il écrit aux pieuses Carmélites de Termonde : « Me voilà depuis trois mois au milieu des sauvages. Si vos prières m’ont obtenu cette faveur, vous devez continuer à demander pour moi l’humilité, le courage, la ferveur, la patience et les autres vertus qui font un bon missionnaire ».[2]

Le succès ne devait pas se faire attendre. Avant la fin de 1838, le P. De Smet pouvait écrire : « Un bon nombre de sauvages montrent le désir de se

  1. Lettre au T. R. P.  Général. — ler déc. 1838. (Annales de la Propag. de la Foi, t. XI, p. 484).
  2. 7 novembre 1838.