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admirables dispositions des sauvages. Chacun veut contribuer par son aumône à l’établissement d’une mission si riche d’espérances.

Au cœur de l’hiver, le P. De Smet entreprend, à travers la Louisiane, un voyage de plusieurs centaines de lieues. « J’admire, dit-il, les voies admirables de la Providence, qui, me destinant, tout indigne que j’en suis, à être l’instrument de ses desseins, daigne encore me donner le moyen de les accomplir. J’ai réussi au delà de mon attente. Dans un temps de crise et d’embarras pécuniaire comme celui que nous traversons aux États-Unis, j’ai recueilli à la Nouvelle-Orléans 1100 piastres en argent. Les dames se sont dépouillées de leurs bijoux et de leurs parures ; les esclaves même venaient m’offrir leur obole »[1].

Pour accompagner le P. De Smet, les supérieurs désignèrent deux prêtres, les PP. Point et Mengarini, avec trois Frères coadjuteurs.

Leur choix ne pouvait être plus heureux. Né en 1799 à Rocroy, dans les Ardennes françaises, Nicolas Point s’était de bonne heure fait remarquer par sa piété et son amour du travail. Sa famille était des plus modestes. Le maréchal Ney avait offert de l’adopter et d’assurer sa carrière ; mais le jeune homme avait d’autres ambitions. La lecture de la vie des saints, particulièrement de saint François Xavier, lui avait révélé une gloire plus belle que celle des armes : il voulait être missionnaire.

Entré à vingt-quatre ans au noviciat de Montrouge, il devenait bientôt préfet de discipline, d’abord à Saint-

  1. Lettre à François De Smet. — 27 avril 1841.