Page:Pere De Smet.djvu/179

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devoir, et bientôt, la rivière passée, la file de nos charrettes avança à travers un labyrinthe de vallées et de montagnes, obligée de s’ouvrir un passage, tantôt au fond d’un ravin, tantôt sur le versant d’une roche escarpée, souvent à travers les buissons. Il fallut, ici dételer les mulets, là doubler les attelages, plus loin faire appel à toutes les épaules et employer tous les cordages, pour soutenir le convoi sur le bord d’un abîme, ou l’arrêter dans une descente trop rapide, pour éviter enfin ce qu’on n’évita pas toujours, car de combien de culbutes ne fûmes-nous pas témoins ! Combien de fois surtout nos bons Frères, devenus charretiers par nécessité, beaucoup plus que par vocation, ne s’étonnèrent-ils pas de se voir, celui-ci sur la croupe, celui-là sur le cou, un autre entre les quatre fers de son mulet, sans trop savoir comment ils y étaient arrivés, et toujours remerciant Dieu d’en être quittes à si bon marché !

» Pour les cavaliers, même protection d’en haut. Dans le cours du voyage, le P. Mengarini fit six chutes ; le P. Point, presque autant. Une fois, lancé au grand galop, je passai par-dessus la tête de mon cheval ; et aucun de nous, dans ces diverses circonstances, ne reçut la moindre égratignure »[1]

Le jour de l’Assomption, au fort Hall, on rencontra l’avant-garde des Têtes-Plates. Ils avaient fait plus de 300 milles pour venir au-devant des robes-noires. Le P. De Smet eut vite reconnu le Jeune Ignace, qui lui avait servi de guide l’année précédente. Il venait de

  1. Lettre au P. Verhaegen. — Fort Hall, 16 août 1841.