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une lettre du P. De Smet au P. Verhaegen, son supérieur.[1]

« Il nous semble, dit-il, que la petite nation des Têtes-Plates est un peuple d’élus, qu’il est facile d’en faire une tribu modèle, le noyau d’une chrétienté qui ne le cédera pas en ferveur à celle du Paraguay. [2]

» Nous avons, pour parvenir à ce résultat, plus de ressources que n’en avaient nos Pères espagnols. Éloignement des nations corrompues, aversion pour les sectes, horreur de l’idolâtrie, sympathie pour les Blancs, particulièrement pour les robes-noires, dont le nom seul est synonyme de bon, de savant, de religieux. De plus, position centrale, emplacement assez vaste pour plusieurs réductions, terrain fertile, entouré de hautes montagnes ; indépendance de toute autre autorité que celle de Dieu et de ceux qui le représentent immédiatement ; point de tribut à payer que celui de nos prières ; expérience déjà faite des avantages de la vie civilisée sur la vie sauvage. Enfin, conviction profonde que, sans la religion, on ne peut être heureux, ni en cette vie, ni en l’autre ».

De ces considérations, leP. De Smet conclut qu’on ne peut suivre de meilleure méthode que celle des Jésuites du Paraguay : « La fin qu’ils ont poursuivie, les moyens qu’ils ont employés, ont été approuvés par les autorités

  1. Sainte-Marie des Monts-Rocheux. — 26 octobre 1841.
  2. Les célèbres Réductions du Paraguay furent fondées, au commencement du 17e siècle, sur la rive droite du Parana, par les Jésuites espagnols, qui convertirent les Guaranis, et les décidèrent à s’occuper d’agriculture. C’était une sorte d’État théocratique, comprenant 32 villes, habitées par plus de 40 000 familles. En 1767, les Jésuites furent chassés des possessions espagnoles, ce qui amena la ruine des réductions. — Cf. Histoire du Paraguay, par le P. de Charlevoix, 3 vol. in-4, Paris, 1756.