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furent retenus à l’église depuis huit heures du matin jusqu’à dix heures du soir. Ils eurent seulement une heure et demie de liberté pour prendre leur repas.

Le jour suivant eut lieu la réhabilitation des mariages. Ce fut pour les néophytes l’occasion de montrer à quel point ils étaient entrés dans l’esprit du christianisme.

Nombre d’Indiens avaient ignoré jusque là l’unité et l’indissolubilité du lien conjugal. Aimant Dieu pardessus toutes choses, ces pauvres gens lui firent généreusement le sacrifice de leurs affections. Les femmes rivalisèrent d’héroïsme avec les hommes.

— Je vous aime bien, disait l’une d’elles à son mari, qu’elle voyait en proie à une douloureuse hésitation. Je sais que vous m’aimez aussi ; mais vous aimez l’autre autant que moi. Je suis vieille, elle est jeune. Eh bien ! laissez-moi avec mes enfants, restez avec elle ; par ce moyen, nous plairons tous au bon Dieu, et nous pourrons tous recevoir le baptême.

Le P. De Smet était alors absent de la mission.[1] De retour le 8 décembre, il se mit à préparer au baptême ceux qui ne l’avaient pas encore reçu. Outre les catéchismes que faisaient les autres Pères, il adressait chaque jour aux catéchumènes trois instructions. Ceux-ci en profitèrent si bien que, le jour de Noël, notre missionnaire put administrer cent cinquante nouveaux baptêmes et bénir trente-deux mariages.

« Je commençai la messe à sept heures, dit-il ; à cinq heures de l’après-midi, je me trouvais encore dans la chapelle. Il est plus facile au cœur de concevoir qu’à la plume d’exprimer ce qu’on éprouve en de pareils moments.

  1. Voir, au chapitre suivant, son voyage au fort Colville.