Page:Pere De Smet.djvu/202

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— Oh ! que j’ai le cœur content de voir notre Père avant de mourir ! Le Grand-Esprit est bon. Oh ! que j’ai le cœur content !

» Et le bon vieillard me serrait affectueusement la main, répétant toujours les mêmes paroles.

» Je lui dis que je sortais à l’instant même de sa loge, et que j’avais baptisé sa femme.

— J’ai appris, me répondit-il, votre arrivée aux Montagnes, l’année dernière. J’ai su que vous y aviez baptisé beaucoup de nos gens. Je suis pauvre et vieux ; je n’espérais plus avoir le bonheur de vous voir. Robe-Noire, rendez-moi aussi heureux que ma femme ; moi aussi je veux appartenir à Dieu, et nous l’aimerons toujours.

» Je le conduisis au bord d’un torrent tout proche, et lui donnai le baptême avec le nom de Simon. Me voyant m’éloigner, le bon vieillard ne cessait de répéter :

— Oh ! que Dieu est bon ! Je vous remercie, Robe-Noire, du bonheur que vous m’avez procuré. Oh ! j’ai le cœur si content ! Oui, j’aimerai toujours Dieu. Oh ! que Dieu est bon ! que Dieu est bon !

» Je n’aurais pas voulu, en ce moment, changer mon sort contre aucun autre sur la terre. Il me semble qu’une telle rencontre vaut seule un voyage aux Montagnes ».[1]

Un peu plus loin, nouveau sujet de consolation.

Le P. De Smet découvre dans une pauvre hutte cinq vieillards octogénaires, appartenant, eux aussi, à la tribu des Kalispels. Trois sont aveugles, les deux autres sont borgnes ; c’est une vivante image de la misère humaine.

« Je leur parlai, dit-il, des moyens de salut et du

  1. Lettre du 8 déc. 1841.