Page:Pere De Smet.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

» Voici l’ordre de marche que nous adoptâmes les jours suivants. Au point du jour, nous sellions nos chevaux, et en route ! Vers 10 heures, nous faisions halte pendant une heure ou deux, ayant soin de choisir un endroit qui, en cas d’attaque, offrît quelque avantage. Ensuite, nous nous remettions en route, toujours au trot, jusqu’au coucher du soleil. Après dîner, pour dépister l’ennemi qui pouvait être aux aguets, nous allumions un grand feu et dressions à la hâte une cabane de branches d’arbres, comme pour y passer la nuit ; puis nous remontions à cheval jusqu’à dix ou onze heures. Alors, sans feu, sans abri, chacun se disposait de son mieux au repos ».

Enfin nos voyageurs atteignirent le Missouri, et se reposèrent quelques jours au fort Union.

Un voyage de plusieurs semaines à travers un aride désert avait épuisé les montures. Pour franchir les 1 800 milles qui le séparaient encore de Saint-Louis, le P. De Smet, accompagné d’Ignace et de Gabriel, s’abandonna sur un esquif au cours impétueux du Missouri. « Bien nous en prit, dit-il, car, le troisième jour, nous entendîmes de loin le bruit d’un bateau à vapeur. Bientôt nous le vîmes s’avancer majestueusement. Notre première pensée fut de remercier Dieu de cette nouvelle faveur. Les propriétaires, ainsi que le capitaine, m’invitèrent généreusement à monter à bord. J’acceptai avec reconnaissance, d’autant plus que, disaient-ils, plusieurs partis de guerre se trouvaient en embuscade le long du fleuve…

» L’eau était basse, les bancs de sable et les chicots nombreux. Plus d’une fois le bateau fut en danger de périr. Les pointes de rocher cachées sous l’eau avaient