national ; O’Connell invite ses hôtes à l’accompagner.
« Je viens d’assister, écrit notre missionnaire, à une réunion de près de 200 000 personnes. J’avais l’honneur d’être assis dans le carrosse du grand libérateur Daniel O’Connell, et même à ses côtés. L’enthousiasme du peuple était à son comble. Nous fûmes littéralement portés en triomphe jusqu’au rendez-vous, près de la ville, au milieu des acclamations et des bénédictions de l’immense foule.
» J’étais sur l’estrade des orateurs. Pas un mot ne m’a échappé. Ce jour-là, l’éloquence si vive des Irlandais brillait de tout son éclat.
» Quel spectacle pour moi ! Enseveli depuis cinq ans dans le désert américain, jeté par hasard sur le sol irlandais, je me trouve, sans l’avoir cherché, assis à côté du plus grand homme peut-être de l’univers, le seul qui ait jamais entrepris une révolution sans verser une goutte de sang.
» Quel homme que cet O’Connell ! Jamais, non jamais je n’ai vu œil plus pénétrant, plus doux, plus intelligent, plus expressif. Son seul regard fait trembler le noble orgueilleux d’Angleterre, et rend la confiance au pauvre opprimé du pays. Sa figure respire la bienveillance ; son maintien est noble et imposant ; sa parole, tantôt coule comme le miel le plus pur, tantôt tombe comme la foudre et écrase ses ennemis. Il ravit, il enchante, il captive ses auditeurs ; puis, l’instant d’après, confond la tyran qui voudrait asservir le monde entier, pour le faire contribuer à ses folles dépenses et à ses plaisirs.
» Ce grand homme vous met à l’aise en un instant. J’ai