Page:Pere De Smet.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rivières qui débordent, il arrive chez la première de ces tribus.[1]

Les Arcs-à-Plats comptaient environ quatre-vingt-dix familles. Grâce au zèle d’un brave Canadien qui avait longtemps résidé chez eux, ils connaissaient déjà les principales vérités de la foi. Ils savaient plusieurs cantiques en français et en langue indienne. Tous exprimaient le désir de devenir chrétiens.

« Cette année, dit le missionnaire, comme toutes celles que j’ai passées jusqu’ici au milieu des sauvages, l’Assomption de la Sainte Vierge fut pour moi un jour de consolation et de bonheur… Je célébrai la première messe qui ait été dite dans ce pays. Ensuite, je baptisai quatre-vingt-douze enfants, ainsi que dix adultes d’un âge très avancé.

» Dans la soirée, eut lieu la plantation de la croix. L’étendard du Sauveur s’éleva sur le bord d’un lac, au bruit d’une salve de quatre-vingts coups de fusil. À ses pieds, la tribu entière fit au Grand-Esprit l’offrande de son cœur, promit un attachement inviolable à la religion, et détruisit ce qui restait des anciennes superstitions »[2].

La station reçut le nom de l’Assomption. Joignant, comme toujours, le bienfait de la civilisation à celui de

  1. « Les Arcs-à-Plats ne connaissent ni industrie, ni arts, ni sciences. Ils jouissent en commun des biens que leur fournit spontanément la nature. Comme tous les sauvages, ils sont imprévoyants, et passent souvent d’une grande abondance à une extrême disette. Un jour, ils se rempliront le corps à outrance ; le lendemain, et souvent plusieurs jours de suite, se passent dans une abstinence totale. Cependant, les deux extrêmes leur sont également pernicieux, témoin les figures cadavéreuses et sans vie que je rencontrai parmi eux ». (Lettre à Mgr Hughes. — Station de l’Assomption, 17 août 1845).
  2. Lettre citée.