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Page:Pere De Smet.djvu/264

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elles broutent au bord des précipices, hors de la portée du plus intrépide chasseur.

Toujours curieux d’étudier les animaux, le P. De Smet observe avec attention, et décrit avec complaisance, les habitants de la forêt, depuis le terrible ours gris « qui, dans l’Orégon, remplace le lion d’Afrique », jusqu’au petit lièvre des Montagnes, « qui n’a pas plus de six pouces, et n’a point encore trouvé place dans l’histoire naturelle ».

Au sortir des sombres bois, il admire un spectacle nouveau : l’aurore boréale.

« D’immenses gerbes de lumière semblaient se jouer dans le ciel. Dressées en colonnes, ou ondulant comme des vagues, elles disparaissaient, puis reparaissaient, variant d’aspect à l’infini. Bientôt tout l’horizon s’illumina d’une vive clarté. Enfin, nous vîmes les rayons se réunir au zénith, pour se séparer en formant les figures les plus diverses ».[1]

Jusqu’ici, le voyage a été heureux. Le missionnaire s’empresse de rendre grâces à Celui dont il a admiré les œuvres sublimes : « Tout ce qu’on voit, tout ce qu’on entend dans le désert est à la fois agréable et instructif. Tout frappe, captive, élève l’esprit vers l’Auteur de la nature. Mirabilia opera Domini ! ».[2]

Le 15 septembre, il franchit la chaîne qui sépare les eaux du Columbia de celles du Saskatchewan. Au sommet, il dresse une grande croix, « la Croix de la Paix », puis s’engage sur le versant oriental des Montagnes.

Après trois jours de marche, il aperçoit les traces d’une

  1. Lettre à Mgr Hughes. — De la Croix de la Paix, 15 sept. 1845.
  2. Ibid.