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Montagnes-Rocheuses à la fonte des neiges, au 53° degré de latitude nord, savent s’ils méritent le nom de voyageurs. Il m’avait fallu toutes mes forces pour accomplir ce trajet, et j’avoue que je n’oserais pas l’entreprendre de nouveau ».[1]

Après quelques heures de repos, le P. De Smet et ses compagnons s’embarquent sur le Columbia.

À l’horreur des sombres défilés succède le joyeux aspect du printemps. Sur les îlots du fleuve apparaissent les premières fleurs ; les montagnes, peu à peu, dépouillent leur linceul de neige ; entre les rochers bondissent mille ruisseaux chantants.

Lancé par d’habiles rameurs, l’esquif franchit les rapides, glisse entre les écueils, descend avec la vitesse d’une flèche.

Une fois pourtant, le P. De Smet faillit voir se renouveler l’accident dont il avait été témoin, sur le même fleuve, quatre ans auparavant.

Il venait de mettre pied à terre pour éviter un dangereux passage. Confiants dans leur adresse, les Canadiens avaient refusé de quitter l’embarcation. Soudain, un tourbillon les saisit. Vainement essaient-ils de se dégager : une force irrésistible les entraîne. Déjà l’eau remplit l’avant du bateau.

À genoux sur la rive, le missionnaire implore du ciel le salut de ses compagnons. Ceux-ci semblent perdus lorsque, tout à coup, le gouffre se referme et rejette la proie qu’il paraissait étreindre sans retour.

À droite du fleuve, se trouvait la station de Saint-Pierre

  1. Lettre au P. Van de Velde. — Campement des Berges, 10 mai 1846.