Page:Pere De Smet.djvu/335

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malades, leur offrant, avec les consolations de son ministère, les secours de sa charité.

« Je souffrais, écrit le P. De Smet, de le voir seul remplir son héroïque devoir ; mais je me trouvais moi-même dans un tel état de faiblesse, que j’étais incapable de lui porter le moindre secours.

» Le 18, on craignait que mon mal ne prît les caractères du choléra. Je priai le P. Hoecken d’entendre ma confession et de me donner l’extrême-onction ; mais, au même moment, il fut appelé auprès d’un malade qui était à l’extrémité.

— Pour vous, dit-il, je ne vois point de danger immédiat ; nous attendrons jusqu’à demain.

» Il avait, ce jour-là, assisté trois mourants.

» Hélas ! je n’oublierai jamais la scène qui eut lieu quelques heures après. La cabine du P. Hoecken était voisine de la mienne. Entre une et deux heures de la nuit, lorsque, à bord, tout était tranquille et silencieux, sa voix frappe mon oreille : il m’appelle à son secours.

» Je me traîne à son chevet. Le Père est mourant ; il me demande d’entendre sa confession. Aussitôt, je me rends à son désir. Pendant que je lui administre l’extrême-onction, il répond à toutes les prières. Son recueillement, sa piété, ajoutent encore à la vénération que lui ont vouée les passagers.

» Me trouvant moi-même dans un état tel que je pouvais être enlevé presque en même temps que lui, et partager la même tombe, je le prie de recevoir à son tour ma confession, s’il est encore capable de l’entendre. Fondant en larmes, je m’agenouille au pied du lit de mon fidèle ami, de mon seul compagnon. À lui, dans son agonie, je me confesse, malade moi-même, et presque mourant.