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L’existence des deux Pères avait été intimement mêlée. Tous deux enfants de la Flandre, ils étaient arrivés ensemble en Amérique. Ensemble ils avaient connu les temps héroïques de Whitemarsh et de Florissant. Ensemble ils avaient été ordonnés prêtres, avaient assisté à la colonisation du Missouri, soutenu les débuts du collège de Saint-Louis. Ils venaient de partager, pendant trois ans, le gouvernement de la vice-province. Fidèle au souvenir de son saint ami, le P. De Smet devait lui consacrer quelques pages émues, où l’accent du regret se tempère d’admiration pour sa vertu.[1]

On se rappelle Mme Duchesne, la religieuse d’élite qui, en 1823, avait accueilli au Missouri la vaillante troupe du P. Van Quickenborne. L’évangélisation des Indiens était restée sa grande préoccupation. « Je n’ai de plaisir, écrivait-elle, qu’à entendre parler des espérances que donne la mission des Montagnes-Rocheuses… C’est en considérant les frais nécessaires à de tels établissements qu’on est tenté d’être riche »[2].

Encouragé et secondé par elle depuis son noviciat, le P. De Smet la vénérait comme une mère. À chaque retour de ses missions, il se faisait un devoir et une joie d’aller lui rendre compte des progrès de l’Évangile. « Jamais, dit-il, je ne sortais de ces visites, sans être convaincu que je venais de m’entretenir avec une vraie sainte. J’ai toujours regardé cette Mère comme la plus grande protectrice de nos missions. Pendant plusieurs années, elle offrit deux communions par semaine, et des

  1. Lettres choisies, 2e série, p. 51.
  2. Voir Mgr Baunard, Histoire de Madame Duchesne, p. 469.