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Les Know-Nothing virent dans cette mission une grave atteinte aux libertés américaines. Leurs journaux dénoncèrent les perfides et ambitieuses intrigues de Rome. L’apostat Gavazzi, venu de Londres pour la circonstance, mit sa parole de tribun au service des frères et amis. Pendant des mois, il suivit d’une ville à l’autre l’envoyé du Saint-Siège, vomissant contre lui injures et menaces, cherchant, par ses furieuses déclamations, à soulever la foule contre les « papistes ».

Des invectives, on passa aux voies de fait. Le jour de Noël, à Cincinnati, une bande d’assassins allemands tenta de s’emparer du nonce. Repoussés par la police, ils se dédommagèrent en brûlant le prélat en effigie. L’odieuse scène se reproduisit dans plusieurs villes. Tout faisait craindre un nouvel attentat ; après un court séjour aux États-Unis, Mgr Bedini dut se retirer[1].

Le départ du nonce ne mit pas fin à l’agitation. Ce fut, pendant trois ans, une suite de provocations, d’outrages, de violences, au point que la force armée dut plusieurs fois intervenir pour défendre les propriétés et les personnes.

Témoin de ces troubles, le P. De Smet en trace, dans ses lettres, le lugubre tableau : « Les temps deviennent affreux pour les catholiques dans ces malheureux États. Pas un pays au monde où il y ait moins de liberté pour les honnêtes gens »[2].

« Les démagogues européens, adeptes de Kossuth, de Mazzini, etc., ont juré de nous exterminer. Déjà sept

  1. Sur la mission de Mgr Bedini et les violences des Know-Nothing, voir De Gourcy et Shea, The catholic Church in the United States, 2e édit., New-York, 1857, ch. XXVII et XXVIII.
  2. À son frère François. — Saint-Louis, 8 sept. 1854.