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vanités ! Quelle est la force des affections terrestres ? Si Dieu me ramène en Europe dans quelques années, je ne sais si ceux qui maintenant s’attristent tant de mon départ me reverront avec joie. L’homme est si porté au changement, il prend si aisément de nouvelles habitudes, et notre vie occupe une si petite place, même dans le cœur de nos amis » !

Ces lettres sont les premières d’une correspondance qui se poursuivra pendant cinquante ans, sans qu’on y puisse surprendre la moindre trace de lassitude ou de refroidissement envers ses proches.

Si Josse De Smet avait pu connaître, par les pages qui précèdent, les vrais sentiments de son fils, il aurait compris que celui-ci obéissait à une autre impulsion qu’au goût des aventures. Malheureusement, ces lettres ne devaient jamais parvenir à destination[1]. Même après le retour de Charles, et le récit de son entrevue avec Pierre-Jean, le vieil armateur resta défiant. Il faudra les débuts du missionnaire, et ses premières lettres d’Amérique, pour convaincre son père qu’il a obéi à l’appel divin.

Le vaisseau longuement attendu à Texel entra enfin dans le port. C’était un brick américain, le Columbia.

L’embarquement n’allait pas sans difficultés. Conformément à la loi, les agents du gouvernement devaient faire la visite du navire, et examiner tous les passeports.

  1. Ces lettres, écrites en flamand, étaient au nombre de sept. Elles avaient été confiées à l’abbé Buelens, d’Anvers. C’est seulement après sa mort, en 1868, qu’on les a trouvées par hasard dans ses papiers.