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Une fois en pays indien, il visite plusieurs groupes de Corbeaux, d’Assiniboins, de Gros-Ventres, de Mandans, d’Aricaras ; il administre plus de 500 baptêmes, et projette l’établissement d’une nouvelle mission près de l’embouchure du Yellowstone.

Mais déjà les chaleurs de l’été ont desséché les rivières ; les eaux du Missouri sont trop basses pour permettre au bateau d’avancer. Le capitaine dépose sa cargaison à 300 milles du fort Benton, près de la Rivière-au-Lait ; les voyageurs, au nombre de quatre-vingt-dix, doivent camper dans la forêt, jusqu’à ce que les chariots du fort viennent prendre les bagages.

Cependant la guerre entre les Sioux et les Blancs sévit toujours. Sur le fleuve, plusieurs bateaux ont été attaqués ; le nombre des morts est considérable. Un jour, nos voyageurs voient fondre sur le camp un parti de 600 guerriers. Aussitôt chacun saisit ses armes, et prépare la résistance. Voulant éviter l’effusion du sang, le P. De Smet va au-devant de l’ennemi. Les Sioux le reconnaissent ; le fils du Poisson-Rouge, le grand chef des Ogallalas, s’écrie en lui serrant la main :

— Voilà la robe-noire qui a sauvé ma sœur ! À ces mots, qui rappellent un des plus touchants épisodes de la vie du missionnaire,[1] les guerriers l’entourent, lui prodiguant les marques de respect. Il s’entretient quelque temps avec eux, leur distribue du café, du sucre, du biscuit ; après quoi, tous s’éloignent pour ne plus revenir.

Après un mois d’attente, on vit arriver une longue suite de chariots, avec une voiture pour les trois

  1. Voir chap.XII, p. 293.