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un bon nombre d’âmes fidèles, que la corruption n’a pas atteintes. Chez celles-ci, c’est toujours la même avidité d’entendre la parole de vie, le même empressement à s’approcher des sacrements ».[1]

Mais aucune tribu ne donne au P. De Smet plus de consolation que celle des Cœurs-d’Alêne, Rien n’a troublé la paix conclue, en 1859, avec les Américains. Les PP. Gazzoli et Caruana, successeurs du P. Joset, s’étonnent de voir une peuplade, jadis la plus féroce de l’Ouest, devenue le modèle des nouvelles chrétientés. Confiance absolue dans les missionnaires, grande pureté de mœurs, esprit de pénitence digne du cloître, tendre dévotion envers la Mère de Dieu, telles sont les vertus des nouveaux convertis.[2]

La mission du Sacré-Cœur et celle de Saint-Ignace possèdent chacune une église qui fait l’admiration des étrangers. Autour des principales stations se sont élevées de nombreuses chapelles, la plupart, hélas ! dénuées des objets nécessaires au culte. Mais le P. De Smet a apporté de Saint-Louis des ornements et des vases sacrés. Le voyant ouvrir ses trésors, les missionnaires le comparent au bon saint Nicolas, qui n’arrive jamais le

  1. Cité par le P. De Smet, Lettres choisies, 3e série, p. 173.
  2. « Les Cœurs-d’Alêne jeûnent presque tous les samedis en l’honneur de la Sainte Vierge, et leur jeûne est plus rigoureux que le nôtre, puisqu’ils ne le rompent qu’au coucher du soleil… Pour se préparer à célébrer dignement les jours de fête, quelques-uns se font des ceintures garnies d’épines, d’autres se flagellent avec des branches de ronces, d’autres encore se retirent dans la forêt pour mieux garder le silence ; là, ils prient et travaillent, ne revenant au camp que pour la prière commune. C’est aux missionnaires qu’ils s’adressent pour leurs modifications, et ceux-ci ont plutôt besoin de les arrêter que de les exciter… Le chef d’une nation voisine, après avoir été témoin de la charité qui anime les chrétiens, ne pouvait se décider à partir. « La mission, disait-il, est un paradis. » (Lettre du P. Grassi, Missions Catholiques, 1870, p. 251).