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toujours délabrée, dévoré de névralgies et perclus de rhumatismes. « Il est rare, écrit-il trois mois plus tard, que je puisse quitter ma chambre et sortir de la maison. Ma grande privation est de ne pouvoir même célébrer la sainte messe. Depuis que j’ai été ordonné prêtre, en 1827, c’est la première fois que la maladie me prive de ce bonheur ».[1]

Dans la solitude de sa cellule, il jette un regard sur le passé, et songe aux amis disparus. Que de tombes encore fraîchement fermées ! C’est Mgr Van de Velde, mort à Natchez, après sept années seulement d’épiscopat ; c’est le P. De Smet, un compagnon de 1821, longtemps maître des novices à Florissant ; c’est le P. Bax, l’apôtre des Osages, tombé, à trente-trois ans, victime de sa charité ; c’est le P. Duerinck, englouti dans les eaux du Missouri, tandis qu’il se rendait à Saint-Louis pour y prononcer ses derniers vœux ;[2] c’est le P. De Vos, un ami de Belgique, c’est l’héroïque P. Nobili, morts tous deux lorsqu’ils venaient de fonder la mission de Californie. L’un après l’autre, ces vaillants semblent apparaître aux regards du missionnaire, lui sourire et l’inviter à l’éternel repos. « Insensiblement, écrit-il alors, la vie s’écoule. Me voici déjà dans ma soixante-quatrième année. J’ai l’intime conviction que ma fin est proche. Fiat voluntas Dei ! »[3]

Pour son ardente nature, la mort serait moins pénible que l’inaction : « Après ma robuste santé d’autrefois,

  1. À Gustave Van Kerckhove, 15 mars 1864.
  2. Le P. Duerinck, né à Saint-Gilles-lez-Termonde, était cousin du P. De Smet. Très versé dans les sciences naturelles, il avait refusé une chaire à l’université de Cincinnati.
  3. À son frère, 26 février 1864.