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de ses chefs. Choisi d’ordinaire parmi les agents électoraux, il avait obtenu sa place comme récompense de ses services, et ne devait la conserver que tant que son parti serait au pouvoir. Aussi ne songeait-il qu’à faire fortune au plus vite. Dans les indemnités accordées aux Indiens, il se taillait la plus large part.[1]

Quand le scandale était trop criant, les réclamations trop pressantes, le gouvernement était bien obligé d’agir. Il demandait à l’agent sa démission. Celui-ci s’empressait de la donner ; mais il partait la bourse bien garnie, et l’impunité la plus parfaite lui était assurée.

Encore l’Indien des réserves ne pouvait-il espérer jouir longtemps de son étroit domaine. Souvent le territoire qu’on avait cru sans valeur contenait quelque mine précieuse. Les émigrants y affluaient. Les sauvages s’opposaient à l’envahissement ; des coups de fusil étaient échangés. Les troupes fédérales intervenaient. Un nouveau traité était imposé à la tribu, qui se voyait forcée d’aller, souvent très loin, occuper une nouvelle réserve, destinée à devenir bientôt l’objet de semblables contestations.[2]

  1. Près de lui, les Indiens étaient souvent réduits à la misère.
    « On a vu distribuer aux sauvages des chaussures en lisière avec des semelles en papier, des bêches en fer-blanc, du bouillon fait avec de la viande de bêtes crevées ; on a vu des femmes picorant dans les excréments des chevaux de cavalerie, à la recherche de quelques graines à moitié digérées, dont elles nourrissaient leurs enfants, pour les empêcher de mourir de faim ». (Le Rév. Whipple, évèque protestant du Minnesota, cité par G. Kurth, Sitting Bull, p. 152).
  2. Telle peuplade, celle des Creeks, dut changer jusqu’à douze fois de résidence ; après quoi, elle fut anéantie par une armée que commandait le général Jackson, devenu plus tard président des États-Unis. (Marshall, Les Missions Chrétiennes, t. II, p. 440).
    En 1862, les Winnebagoes, qui toujours s’étaient montrés