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la chasse. Leurs diverses tribus occupaient un vaste quadrilatère, ayant pour limites, au nord, la frontière du Canada, à l’ouest, les Montagnes-Rocheuses, au sud, le Niobrara, à l’est, la Rivière-des-Sioux et la Rivière-Rouge. Le Missouri, avec son cortège d’affluents, traverse de son cours impétueux cette région désolée. Rebutés par l’aspect des Mauvaises-Terres, les colons allaient chercher dans le Far-West un sol plus fertile. Le gouvernement s’était borné à élever, le long des cours d’eau, un certain nombre de forts, pour protéger le commerce des fourrures, et assurer ses rapports avec les Indiens.[1]

La conférence tenue, en 1851, au fort Laramie, avait,

  1. Toutefois, le moindre incident suffisait à provoquer de sanglants conflits.
    Au mois d’août 1854, une caravane de Mormons, se rendant dans l’Utah, passait dans le voisinage du fort Laramie. Ils perdirent une vache. Les Indiens la trouvèrent et l’abattirent ; la vache fut mangée. Quand les Mormons découvrirent quel avait été le sort de l’animal, ils portèrent plainte au commandant du fort. Aussitôt celui-ci envoie un lieutenant, avec une vingtaine d’hommes, pour réclamer la vache. Les Indiens offrent de la payer, mais l’officier refuse toute indemnité : il veut qu’on lui livre celui qui a tué la bête. Les Indiens déclarent ne pouvoir satisfaire pareille exigence. Sans plus de pourparlers, l’officier donne à ses soldats l’ordre de faire feu ; le chef de la tribu tombe raide mort. Exaspérés, les Sioux courent aux armes, et massacrent les Blancs jusqu’au dernier. (Chittenden et Richardson, p. 1219).
    La revanche des Américains devait être féroce.
    L’été suivant, une armée de trois ou quatre mille hommes, sous les ordres du général Harney, pénétra dans le désert. La rencontre des Indiens eut lieu sur les bords de la Platte. Ceux-ci, se sentant incapables de résister, demandèrent la paix. Or, pendant que les chefs étaient en conférence avec le général, les Blancs cernèrent les sauvages de façon à leur couper la retraite. Aussitôt fut donné le signal du carnage. Quatre-vingts Sioux, parmi lesquels beaucoup de femmes et d’enfants, furent massacrés. Un officier, annonçant la victoire, écrivait : « C’est la plus belle scène que j’aie vue de ma vie ». (Cité par le P. De Smet. Lettre au P. Terwecoren, 5 oct. 1855).