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Les ministres s’efforçaient, par mille moyens, d’entraver l’action des Jésuites. Ils présentaient le catholicisme comme un fatras de doctrines absurdes, et dirigeaient contre les religieux d’atroces calomnies. Avaient-ils affaire à des ignorants, ils allaient jusqu’à dépeindre le missionnaire comme un monstre armé de griffes, avec des pieds de bouc et des cornes sur la tête. La première fois qu’un Père paraissait devant ces pauvres gens, ils l’examinaient avec curiosité. Bientôt rassurés, ils écoutaient sa parole, et se convertissaient sans résistance. Avant de s’établir à Saint-Louis, les Jésuites eurent au Missouri deux centres d’action principaux : Florissant et Saint-Charles.

En arrivant à Florissant, ils avaient trouvé le village desservi par un prêtre belge, M. Charles de la Croix. Son zèle et sa piété avaient fait de lui le principal auxiliaire de Mgr Dubourg, qui aimait à l’appeler « son ange ». L’épuisement de ses forces l’obligeant à quitter son poste, il avait, dès 1823, remis le soin de sa paroisse au P. Van Quickenborne[1].

À partir de 1828, celui-ci devait être secondé par le P. de Theux et le P. Elet.

Par la force de leur parole, l’ardeur de leur charité et de leur zèle, les missionnaires touchaient au vif catholiques

  1. Né en 1792 à Hoorebeke-Saint-Corneille, dans la Flandre orientale, Ch. de la Croix était du nombre de ces vaillants séminaristes de Gand, que Napoléon avait violemment incorporés dans son armée. Ordonné prêtre en 1817 par Mgr Dubourg, il avait suivi en Amérique l’évêque missionnaire. Nommé curé au Barrens, puis à Florissant, il avait commencé à évangéliser la tribu indienne des Osages, lorsque la maladie le terrassa. Après un séjour en Belgique, il devint, en 1829, curé de Saint-Michel, dans la Louisiane. Cinq ans plus tard, il quittait définitivement l’Amérique. Nommé chanoine de la cathédrale de Gand et secrétaire général de la Propagation de la Foi, il ne cessa jusqu’à sa mort, en 1869, de servir la cause des missions.