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rappelant, par bien des traits, les merveilleuses Réductions du Paraguay, et à plusieurs reprises, à la demande du Président des États-Unis, il est intervenu comme pacificateur entre la grande République et les Peaux-Rouges, étant, comme le disaient ceux-ci, « le seul blanc dont la langue ne fût pas fourchue ». Sa gloire n’est pas seulement belge ou américaine ; comme celle de Las Casas, elle appartient à l’humanité tout entière ; tous ceux qui ont le culte de la justice et l’amour de leurs semblables doivent unir dans la même vénération le souvenir du dominicain espagnol et celui du jésuite belge.

Le grand homme qui a tracé un sillon si profond dans les annales du Nouveau Monde ne semblait pas, dans les premiers temps, appelé au rôle magnifique qu’il y a joué. Il en a été ainsi de plus d’un saint, et il suffit de rappeler que ce sont des rêves de chevalerie et de gloire terrestre qui ont hanté la jeunesse de saint François d’Assise et de saint Ignace de Loyola. Mais l’esprit souffle où il veut, et ce sont précisément ces ardeurs de tempérament et d’imagination qui, sanctifiées par une pensée d’en haut, devaient devenir les meilleures auxiliaires de leur apostolat. Pierre-Jean De Smet, lui, ne rêvait pas précisément la carrière d’un chevalier. C’était, dans son adolescence, un gars doué d’une prodigieuse force physique qui lui avait valu de la