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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

sa conduite, elle savait la sympathie qui entoura la comtesse Anna quand, à la mort de son premier enfant, elle dut payer si cher la possession du second[1] ; mais ces motifs ne furent que secondaires, un mobile plus puissant inspira sa résolution. Elle prétendit détenir sans partage un mari dont la passion, si lente à naître, semblait maintenant égaler la sienne, tremblant à la pensée qu’on pût lui dérober une parcelle de ce cœur si difficilement conquis. Le comte Vincent acquiesça d’autant plus volontiers au désir de sa femme que ses affaires embarrassées s’accommodaient fort d’un séjour à la campagne.

Kowalowka était un lieu très agréable à habiter, situé dans une vallée charmante et entouré de prairies qui nourrissaient un haras nombreux. Des chevaux turcs, arabes, anglais, superbes échantillons de ces belles races, animaient le paysage. Plus loin s’étendaient, à perte de vue, d’immenses plaines de blé où, pendant l’été, le pittoresque costume rouge des paysans se déta-

  1. On n’a pas oublié que la comtesse Anna, femme du comte Vincent Potocki, dut donner son consentement au divorce pour qu’on lui rendit son fils aîné François, au moment où le second de ses fils venait de mourir d’une angine couenneuse.