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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

dinaire ; elle a coûté des sommes immenses. À cause du jour de l’ouverture, l’impératrice l’a nommée salle de Saint-Georges. La table était en équerre, et il y avait plus de cent chevaliers de toutes les classes et de tous les rangs. Il est d’usage que les ministres étrangers se placent debout dans l’intérieur de l’équerre, vis-à-vis de l’impératrice, et pour ne pas les masquer, il y a toujours trois ou quatre places vides ; trois minutes après le repas commencé, l’impératrice salue les ministres et ils s’en vont. Mon digne ami, qui cherche à tirer parti de tout, me plaça au milieu, derrière les ministres, de manière qu’à leur retraite je me suis trouvé en avant des spectateurs, pouvant à mon aise voir la souveraine et tout examiner ; vers le milieu du repas, l’impératrice me fit demander, par le grand maréchal, comment je trouvais la salle ; j’ai répondu que je ne doutais pas de la trouver superbe si j’avais le temps de m’en occuper dans le moment ; la réponse rendue m’attira un mouvement de tête plein de bonté, et cette faveur publique et distinguée étonna et m’attira des compliments de tout le monde. Kourakin me mena chez le grand-duc Alexandre et la duchesse Élisabeth ; ils m’ont reçu comme ils re-