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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

point de vue des soupçons de son mari ; il arriva huit jours avant l’époque annoncée, afin de la surprendre et de découvrir si elle lui cachait quelque chose. Hélène, transportée de joie en le voyant, se jeta dans ses bras, mais il l’arrêta court en lui demandant avec unc émotion de colère l’explication de son séjour à Mohilew et le compte rendu fidèle de ses actions depuis quatre mois. Après deux heures de violente querelle, elle parvint cependant à se justifier et ils partirent ensemble fort tendrement réconciliés.

Ils passèrent quelques jours à Wilna, pour se mettre au courant des affaires de la succession de l’évêque. On l’évaluait à seize millions, dont il fallait retrancher six millions hypothéqués sur les biens de Lithuanie, plus une part faite à Sidonie. Le comte avait renoncé à régler la question des séquestres pendant son séjour à Pétersbourg, ne pouvant mener les deux choses de front ; mais l’argent touchait peu la comtesse.

Ils rentrèrent enfin à Kowalowka, soulagés des cruels soucis qui pesaient sur leur cœur depuis si longtemps ; et Hélène, embrassant ses enfants avec des larmes de joie, s’écria gaiement :

— Vous voilà de vrais Potocki, ce n’est pas sans peine !