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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

« Ma pelite maison, couleur de rose comme mes idées, est la seule ouverte à Vienné. J’ai six plats à mon dîner, cinq à souper. Arrive qui veut, s’assied qui peut. Quelquefois, lorsque les soixante personnes qui la fréquentent arrivent, ou s’y rencontrent en partie, mes chaises de paille n’y suffisent pas, et on se tient debout, refluant çà et là, comme au parterre, jusqu’à ce que les plus pressés s’en aillent. Il y a toujours quelques bons causeurs parmi les étrangers. La conversation roule sur la Pologne, la Russie, l’Angleterre, peu sur l’Italie, peu sur l’ancienne France, point du tout sur la nouvelle, comme de raison. »

Au second étage de la petite maison se trouvait la bibliothèque du prince, qui lui servait de chambre à coucher. On ne savait trop au premier moment si l’on entrait dans une chambre ou sous la tente d’un général. Les livres et les manuscrits encombraient les chaises, les tables et même le lit ; les murs étaient tapissés de cartes, de plans de bataille, d’armes de tout genre et de tout pays, trophées de chasse et de guerre. Les grandes têtes de cerf lui rappelaient les forêts de Bel-Œil et de Baudour, tandis que les sabres turcs et les fusils damasquinés reportaient