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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

Les lettres d’Hélène pendant cette première absence nous feront connaître mieux que tous les récits l’état de son cœur et de son esprit. Le naturel en fait le charme ; on sent que les phrases s’échappent de sa plume dictées par un sentiment si vrai que, pour le peindre, les expressions les plus fortes ne lui semblent pas exagérées. Celles du comte ne leur ressemblent guère.


LA COMTESSE HÉLÈNE AU COMTE VINCENT

« Quelques heures après ton départ, ce vendredi au soir.


» Il me semble, mon cher Vincent, que tous les éléments se soient conjurés pour t’empêcher de continuer ta route : à peine as-tu été parti, qu’une grande pluie et un grand vent ont rendu le temps triste et sombre ; on croit quand on aime que tout dans la nature doit se conformer à l’état où l’âme se trouve, et je me persuade qu’elle

    de la loi, sont égaux par la naissance. » On comprend que cette égalité fictive ne régnait pas dans les fortunes, aussi voyait-on toujours à la suite et dans la maison des grands seigneurs, quantité de gentilshommes pauvres faisant des fonctions analogues à celles des domestiques, et servant à table, debout derrière lui, le seigneur dont souvent ils étaient parents. Cette sorte de domesticité n’impliquait aucune idée déshonorante.