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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

sans difficultés dans le palais, étant tous généraux et bien connus des sentinelles, ils entrèrent dans la chambre même de l’empereur, sauf de Pahlen qui resta prudemment dans la pièce voisine. Paul était couché et s’éveilla en sursaut, ils lui présentèrent l’acte d’abdication à signer, il refusa énergiquement et fit une résistance désespérée aux efforts des conjurés pour s’emparer de sa personne ; il s’efforça vainement d’ouvrir la porte de l’impératrice qu’il avait fait condamner peu de temps auparavant. Alors Platon Zouboff, qui paraissait rentré en grâce auprès de lui et auquel il avait rendu tous ses biens, détacha l’écharpe qui lui servait de ceinture et la jetant rapidement autour du cou de l’empereur, l’étrangla de ses propres mains.

L’impératrice, saisie de terreur et avertie par le tumulte de la scène effroyable qui venait de se passer, vit entrer sur-le-champ le grand-duc Alexandre pâle et bouleversé ; il voulut se jeter dans ses bras, mais elle le repoussa en s’écriant : « Osez-vous vous présenter devant moi, couvert du sang de votre père ? » Alexandre protesta, ce qui était vrai, qu’il ignorait le secret dessein des conjurés. Ceux-ci, de leur côté, déclarèrent qu’ils ne s’étaient portés à cette cruelle