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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

moindres détails, son projet de séparation, ses regrets amers d’avoir donné la majeure partie de sa fortune au comte, déshéritant ainsi Sidonie, l’unique enfant qui lui restât. Puis elle entrecoupait son récit de cent questions sur sa fille, sa beauté, sa santé, son intelligence.

Le prince, qui la connaissait bien, la laissa parler sans l’interrompre, répondant seulement à ses questions sur son enfant. Il lui dépeignit Sidonie de façon à flatter son amour-propre maternel et à augmenter le désir qu’elle avait déjà de la voir, puis il l’engagea à remettre au soir la résolution à prendre pour l’avenir de sa fille et le sien. Hélène, un peu calmée, rentra chez elle et parvint à reposer quelques heures ; à peine était-elle éveillée qu’on annonça le prince de Ligne.

Dans une longue et affectueuse conversation, le prince s’attacha à prouver à sa belle-fille qu’en se séparant de son mari, elle prenait le pire de tous les partis. Évoquant avec une grande délicatesse, mais avec franchise, les souvenirs du passé, il lui fit aisément comprendre que la seule justification de sa conduite était l’amour passionné et profond qu’elle éprouvait pour le comte. Si elle se séparait de lui, elle devenait aux