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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

l’âge, d’un mal absolument étranger à ses couches ; on dit que c’est une hydropisie de cœur[1] et que M. de Conflans, son grand-père, est mort de la même maladie. J’ai passé chez madame de Coigny qui ne m’a pas reçue, elle doit être au désespoir, cela fait faire de tristes réflexions ; peut-on désirer de voir multiplier les objets de son affection, on augmente par là la somme des malheurs qui nous attendent et les jouissances sont bien incertaines, tant de choses peuvent les corrompre ; tout cela donne du noir.

» Tu me parles toujours de l’ennui que tes lettres doivent me causer, tu ne peux le penser, tu ne te connais pas et tu ne me connais pas. D’abord tu écris d’une manière intéressante pour tout le monde, mais pour moi chaque mot écrit de ta main est sacré : un dévot ne lit pas l’Évangile, un Turc l’Alcoran, comme je lis tes lettres. L’attention, la tendresse, le plaisir, voilà ce que tu verrais se peindre sur mes traits si tu en étais témoin. Adieu, mon Vincent, je te

  1. Madame Sébastiani, femme du général comte Horace Sébastiani et fille chérie de madame de Coigny. Le général avait été nommé le 2 mai 1808 ambassadeur à Constantinople. Un an plus tard sa femme y mourait peu de jours après ses couches, en laissant une fille qui devint la malheureuse duchesse de Praslin.