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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

celle qu’elle témoignait à ses propres enfants[1].

Le charmant caractère de la jeune fille, sa gaieté et son esprit justifiaient l’affection qu’elle inspirait. Les deux sœurs vivaient dans une grande intimité, sans connaître le lien qui les unissait. Mais Sidonie sentait bien que Christine était la préférée, elle enviait son aisance, son aplomb, et l’abandon avec lequel elle disait ce qui lui passait par la tête ; on lui permettait des étourderies et on riait de saillies qui eussent valu à sa sœur un regard sévère, ou une réprimande de sa grand’mère.

De là l’habitude prise par Sidonie de renfermer ses impressions et un profond sentiment d’isolement au milieu des réunions si gaies de sa famille.

Dès les premiers mots que son grand-père prononça touchant les projets de mariage avec le comte François, son cœur avait bondi de joie à la pensée de rejoindre sa mère, et d’avance elle avait décidé en elle-même qu’elle acceptait ce futur époux, fut-il laid et désagréable. Sa sur-

  1. Après la mort du prince Charles, les de Ligne firent légitimer Christine qui porta leur nom, mais sans litre, Elle épousa plus tard le comte Maurice O’Donnel, fils d’un ami intime du prince de Ligne.