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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

lière marquée par la princesse de Ligne à son petit-gendre, Sidonie mourait d’envie de partir et de voir enfin sa mère dont l’impatience égalait la sienne. Ils quittèrent les Ligne vers le milieu de novembre.

Le 23 au matin, la comtesse Hélène, appuyée à une fenêtre de son hôtel de la rue Caumartin, prêtait l’oreille au moindre bruit : elle attendait sa fille. Mille pensées tristes et douces l’occupaient ; elle allait revoir cette enfant pour laquelle, pendant dix-huit ans, elle n’avait été qu’une étrangère ; cette enfant, abandonnée sans regret et sans remords, lui pardonnerait-elle son indifférence, son oubli ?… et quels souvenirs évoqueraient sa présence ! comment échapper à l’image du prince Charles ? « Elle passait sans cesse devant mes yeux, écrit-elle, une voix me disait : « Tu ne lui as pas donné une larme et il était le père de ton enfant ! » Cette pensée me bouleversait et j’avais peur de ma fille. »

Enfin une chaise de poste s’arrêta devant la porte de l’hôtel. Le comte descendit pour offrir sa main à sa belle-fille au sortir de la voiture ; Hélène, oublieuse de l’étiquette, s’élança et reçut sa fille dans ses bras, au bas de l’escalier. Elle la pressa étroitement sans pouvoir proférer une