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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

pour l’impératrice, puis j’ai mis mes pieds dans l’eau, et j’ai suivi à la lettre toutes tes ordonnances ; mais tout cela ne m’a pas soulagée. L’idée que chaque moment t’éloigne plus de moi me met au désespoir. Si j’avais des chevaux je partirais. Cette chambre où je t’ai vu me rappelle sans cesse des souvenirs douloureux. Ce lit solitaire, tout enfin me rend d’une mélancolie qui me serait funeste si je ne quittais bientôt cette triste ville. Ma tête me fait si mal que je vais me coucher.

» Adieu, mon cher ami, toi qui es pour moi le bonheur, l’existence, enfin tout ce que l’on peut avoir de doux et de cher dans le monde. »


En arrivant à Mittau la comtesse trouva trois lettres qui l’attendaient.

« Lundi, ce 9 novembre 1795, à 10 heures du soir.
» De Tadaykan, premier port à 4 milles de Libau.

» Mon cœur est brisé de t’avoir quittée ; je connais le tien, je suis sûr qu’il n’est pas plus content, ô ma meilleure amie !

» On tourne toujours vers la droite à mesure qu’on s’éloigne de la mer ; la nature est plus soli-