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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/24

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

ses esprits, il fit sonner le tocsin, arma le peuple, rappela les juges, barricada l’évêché et la cathédrale et chassa Radziwill de Wilna.

Cet incident peint bien la violence des mœurs polonaises d’alors.

Après avoir si chaudement appuyé l’élection de Stanislas-Auguste, on pouvait s’attendre à voir le prince évêque soutenir fermement l’autorité du roi : il n’en fut rien.

Le traité de paix signé à Varsovie en 1768, entre la Russie et la Pologne, avait excité un grand mécontentement parmi les chefs du clergé catholique ; il accordait aux dissidents grecs, luthériens et calvinistes, les privilèges dont l’Église catholique romaine jouissait seule jusqu’alors[1]. La plupart des évêques refusèrent de se soumettre à ces conditions nouvelles. La part que les dissidents allaient pouvoir prendre aux affaires, les fonctions auxquelles il leur était désormais per-

  1. La Confédération de Bar avait été proclamée une première fois en 1768, Ses principaux chefs étaient Pulawski, Krasenski, l’évêque de Wilna et son père, grand général de Lithuanie ; elle fut le signal des guerres intestines de la Pologne. Louis XV et la Turquie prêtaient alors secrètement leur appui aux patriotes polonais, mais la chute du duc de Choiseul et la défaite des Turcs amenèrent celle des confédérés. La Confédération sa réorganisa en 1771.