Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
L’ABBAYE-AUX-BOIS.

pays, lui inspirait un véritable intérêt. Elle la faisait venir chaque jour dans sa cellule et la surveillait de près sans que l’enfant s’en doutât. Hélène, qui étaitun petit cheval échappé, éprouvait un respect et une sorte de crainte mêlée à la plus vive admiration pour la grande maîtresse générale. Elle en parle à chaque instant dans ses Mémoires.

Madame de Rochechouart, sœur du feu duc de Mortemart, était âgée de vingt-sept ans, « grande, bien faite, un joli pied, la main délicate et blanche, des dents superbes, de grands yeux noirs, un air fier et sérieux, un sourire enchanteur », voilà le portrait que la petite princesse nous en a laissé. Elle était sans contredit la personne la plus importante de l’Abbaye, après madame l’abbesse, et dirigeait à son gré les études et l’éducation des pensionnaires. Elle remplissait ainsi les heures parfois bien longues d’une existence et d’une vocation qu’elle n’avait point choisie. Madame de Rochechouart avait deux sœurs belles et spirituelles comme tous les Mortemart. Toutes les trois montèrent au noviciat avant quinze ans ; car, selon la cruelle coutume du temps, la fortune devait revenir en entier à l’héritier du nom. Elles prononcèrent leurs vœux trois ans après.