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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/88

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

c’élait cela qui faisait qu’elle ne prenait pas bien sa croissance et qu’elle était sûre qu’en lui faisant prendre des jus d’herbes antiscorbutiques, on purifierait son sang et qu’alors sa taille se remettrait d’elle-même ; la princesse de Montmorency ne voulut point croire cela. Cependant sa sœur épousa M. le duc de Montmorency-Fosseuse, son cousin ; on la fit sortir du couvent à cette occasion, elle ne rentra que six mois après et nous ne la reconnûmes point. On peut dire que, sans être belle, elle avait été fort agréable, de grands et beaux yeux noirs, la peau blanche, un air, noble et fier ; mais, à son retour, elle était d’une maigreur affreuse, la peau livide, une toux sèche. Elle nous fit part de son mariage avec le prince de Lambesc[1], qui devait se faire dans le courant de l’hiver. On avait eu beaucoup de peine à décider M. de Lambesc à ce mariage, car il ne voulait point

  1. Le prince de Lambesc, grand écuyer de France, fils aîné du comte de Brionne, de la maison de Lorraine, et de la comtesse de Brionne, né Rohan-Rochefort. Il élait colonel du régiment de Lorraine. Pendant la terrible journée du !2 juillet 1789, le peuple promenait sur la place Vendôme les bustes de Necker et du duc d’Orléans, en poussant des cris séditieux ; la foule, dispersée par les dragons du prince, se précipita en vociférant dans le jardin des Tuileries. Le prince les poursuivit à la tête de ses cavaliers, le sabre nu en main, et parvint à faire évacuer le jardin. Il mourut à Vienne en 1825.